Interview

Emmanuelle Descraques



Série portraits





Diplômée des Gobelins en 2012, je me suis spécialisée dans la photographie de mode très tôt avec un attrait tout particulier pour les portraits serrés sur les visages. C'est au bout de dix années de pratique que j'ai remarqué une passion pour les visages aux regards dirigés vers le haut, suggérant une présence en face du modèle, mais absente. Le tout en gardant toujours une fibre mode et esthétique. Pendant mon enfance et mon adolescence, j'ai été éduquée dans la religion catholique, allant jusqu'au sacrement de confirmation, pour ensuite rejeter à 20 ans les dogmes chrétiens, mais sans renier ma foi et mon besoin d'être reliée à quelque chose de plus grand.  Je me suis alors tournée progressivement vers des textes bouddhistes, la philosophie taoïste, le chamanisme et des cultures dites « new age ».






        Qui es-tu ?Je suis une femme née en 1990 dans le Val de Marne, de nationalité française et avec des origines vietnamiennes et japonaises du côté de mon père. Je réside aujourd’hui à Pantin et je travaille en free-lance en tant que photographe spécialisée dans la mode depuis un peu plus de dix ans. Je suis passionnée d’art au sens large mais aussi par la psychologie, la conscience de soi et la spiritualité. 



        Qu’est ce qui t’as emmené à la photo ?Nous avions tous un don artistique dans la fratrie. Mes deux frères c’était le cinéma, et ma grande sœur et moi le dessin. Mais lorsqu’est venue la mode des « skyblogs » à l’adolescence, la photographie a pris le dessus, et j’organisais déjà à 15 ans des après-midis « shooting mode » avec mes amies dans les rues de Paris, en tâtonnant sur Photoshop ensuite.C’est plus tard vers 20 ans que j’ai appris que mon grand-père maternel était un grand passionné de photographie et qu’il possédait plein d’appareils différents -qui sont en déco dans mon salon aujourd’hui- donc j’ai sûrement hérité de cela inconsciemment. 







        Ton artiste préféré ?C’est très dur de répondre à cette question en ne citant qu’un seul nom mais ces temps-ci je suis fascinée par le travail photographique de Julia Margaret Cameron qui était exposée au Jeu de Paume il y a quelque mois. 


         Parle-moi de ton projet Extases.J’ai grandi dans une famille assez spirituelle et disons que c’est un domaine qui est centrale dans ma vie de tous les jours. J’avais réalisé en 2019 une série beauté ainsi qu’un clip vidéo pour un magazine indépendant où j’avais carte blanche sur le thème du sacré, et j’ai donc imaginé un projet avec des portraits de femmes qui regardent vers un objet hors champs qui serait comme une apparition divine créant une extase mystique en elle. J’avais ressenti un tel plaisir à tout imaginer, jusqu’au montage, l’étalonnage, le choix de la musique, que ce fut un vrai déclencheur.J’ai compris que l’Extase et d’autres thèmes sur la transcendance peuvent dépasser la sphère intime et qu’il n’est pas si contradictoire avec la photographie de mode, tout au contraire, et j’aimerais l’argumenter en image.



        Quel est ton rêve de gosse ?Je rêvais d’être une « Spice Girls », comme, j’imagine, beaucoup de petites filles de mon  âge. L’ego-trip de fillette s’est transformé peu à peu à désirer être reconnue pour « mon art ». J’ai eu la chance de grandir dans une famille où les talents artistiques étaient très valorisés.







 
        Tu te vois ou dans 10 ans ?Je me vois toujours photographe, mais aussi réalisatrice et directrice artistique, et habitant dans une maison en vieille pierre avec un grand jardin proche d’une forêt.



        Quel est ton motto ?Accentuer ses atouts et qualités plutôt que de vouloir à tout prix combler ses lacunes.







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